Entre ciel et mer .............
Le cimetierre marin d ' Ajaccio ..............
Une plate-bande de terre, entre la mer et la montagne, la porte de la terre largement ouverte entre ciel et mer ; espace de culte ! La ville des morts est aussi un des hauts lieux de mémoire, les mémoires des hommes. Les cimetières marins sont silencieux et calmes, sereins et tourmentés et surtout riches par les mémoires en sommeil de ceux qui gisent dans ce local ouvert au croisement des cultures et à la multitude des événements au travers desquels ils furent confrontés.
Au début du siècle, Jean LORRAIN écrivait «Cette Route des Sanguinaires est aussi la route du cimetière. Ajaccio ensevelit ses morts au soleil et les fait bénir par la vague, dans la verdure éternelle des lauriers roses et des genévriers » Emmanuel ARENE compléta le tableau «le rêve, c’est d’être enterré en Corse, à Ajaccio, près de la mer, sur cette merveilleuse promenade des Sanguinaires, calme et douce, éternellement parfumée, où les vivants eux-mêmes sont tranquilles, et les morts à plus forte raison. Il faut voir ce petit coin par quelque belle matinée de soleil ; le vent du large y apporte les fortes odeurs de la mer et nettoie les arbres du chemin, blancs de poussière. Sur les bancs de pierre, les yeux dans le bleu, car tout est bleu, le ciel, la mer et les montagnes…. ».
Comme le dit Marie-Thérèse FRANCHI, «La loi du 23 Prairial de l’an XII (1804 ) est essentielle : NAPOLEON impose la création de cimetières à 35 ou 40 mètres des enceintes des villes ou bourgs. Mais cette loi aura du mal à être appliquée en raison des «préjugés et usages» dans tout l’empire. La Corse n’est donc pas la seule région a traîner les pieds».
Louis BASSOUL écrivait «Ici s’alignent, gardiens immobiles des défunts, compagnons familiers des passants, les mausolées orgueilleux, les modestes pierres. Les confiantes et parfois touchantes épitaphes par quoi les disparus s’éternisent dans la mémoire des vivants. Les inscriptions lues sur les bois, les granits et les marbres, évoquent les anciens qui peuplèrent Ajaccio, et dont les regards fermés se sont réjouis avant nous et mieux que nous au spectacle du paysage du golfe, de la cité dont ils avaient le droit de se montrer si fiers ».
Connaissez-vous cette histoire ? «Un jour, un ouvrier, parcourant le cimetière, constata « qu’ici repose ! ici repose, il n’y a que moi qui… » Brusquement il s' interrompit : ici ne repose pas Jean CHIAPPE, il était né à Ajaccio en 1878, il fut préfet de police de 1927 au fameux 6 février 1934, député en 1936, enfin ambassadeur et haut commissaire en Syrie et au Liban en 1940.
Louis BASSOUL : « Notre cimetière n’a rien de triste, il est simplement apaisant. On y rêve, on y médite. Il n’a ni l’aspect grandiose de certaines nécropoles, ni leurs sévérités douloureuses. Tout ici, les tombes endormies, les maquis odorants, les collines chatoyantes, la mer transparente, la lumière joyeuse, tout est enchantement, splendeur et poésie ». Philippe Martinetti