Ah ! ce Mistral ....ce Mistrau
Ses rafales qui assèchent
Sa violence qui dégage le ciel
Et fait luire le soleil
Son rugissement glace d'effroi.....
La nature malmenée
S'étiole à chaque secousse ....
"Et pourtant nous t'aimons"
- Ecoutez le; quelle tempête !
- Où va-t-il? et d'où vient-il?
- Tu es pour nous un vrai fléau,
et pourtant nous t'aimons, roi des vents !
Poéme de Frédéric Mistral (Les iles d'Or)
Il existe bien des légendes sur ce vent qu'est le Mistral. Bien qu'il soit le maître de tous les vents, il n'en demeure pas moins qu'il hante la Provençe. Il balaie de son souffle les terres de Provence. On dit que le mistral est un vent grincheux et impérieux.
On prétend, qu'il prend naissance au sein des marais du Vivarais sous l'arche géante d'un rocher ajouré, d'où surgit son sonore bruit. Là, il se gonfle et amplifie ses tourbillons, se gonfle et renforce ses bourrasques, avant de partir en rafales.
Inquiets devant ses imprévisibles accés de colére, des villageois décidérent un jour de le "barricader". Pendant que le mistral était calme, les habitants clouèrent sur chaque pilier du bloc, de solides planches, trés dures et trés épaisses.
Il y à des années de cela, des menuisiers les avaient coupées dans des troncs d'oliviers centenaires. Ils les avaient rabotées, poncées, taillées, si bien qu'elles avaient acquis une solidité à toute épreuve.
A son réveil, le Mistral se mit à souffler sur ces planches, mais elles resistérent à sa forçe ravageuse et à ses accés de colére. Le mistral fût prisonnier et ne put donc plus s'évader.
Le Mistral, très fâché, leur dit: <<- Quand je parviendrai à me libérer, je déracinerai tout sur mon passage, les tuiles, les arbres, les clôtures. Il ne restera rien!>>
<<- Raison de plus, pour te laisser enfermé...>> s'écriérent les villageois.
<<- Je vous maudis !>> Dit le Mistral.
<<- Que tout soit désolation. Que vos terres soient infestées de moustiques. Que l'eau soit en putréfaction et que vos maisons soient sales. Que les fiévres fassent périr vos enfants et vos vieillards ! Ainsi vous regretterez vos agissements...>>
L'éte venu, une chaleur insoutenable s'abattit sur la Provence. Bientôt se manifestérent les signes avant-coureurs d'une épidémie. Des odeurs effroyables envahirent les rues et ruelles. Des insectent agressifs piquérent les enfants à la peau veloutée et les anciens à la peau ridée.
Tous les malheurs du monde semblaient s'abattre sur le village. Ils décidérent alors de libérer le vent, car son passage dans la région était finalement bénéfique. Il asséchait les terres détrempées, dissipait les nuages et les brumes étouffantes. Il aidait aussi à mûrir les fruits. Il faisait du bien à la nature.
Les villageois décidérent, donc, de libérer le vent. <<Sinon, la peste s'abattra sur nos troupeaux. Il vaut mieux étre transpercés de froid et qu'il emporte quelques branches sur son passage, plutôt que de prolonger cette mauvaise plaisanterie.>>
Le mistral entendit une partie des débats entre paysans et prit la parole. Il promit doucement: <<Si vous me laissez sortir, je ne déracinerai pas vos arbres fruitiers, les tuiles de vos maisons, les clôtures de vos jardins...>>
Tous furent perplexes, mais finirent par le libérer.
Aussitôt, le mistral s'engouffra dans l'ouverture et se rua dehors. Les paysans , muets et craintifs, attendaient sans bouger. C'est alors, qu'un enfant, s'approcha du maître des vents, et protesta:
<< Et ta promesse, alors ?>>
Le vent déchaîné s'apaisa tout de suite.
Subitement, il câlina les arbres, il frôla les tuiles des maisons, il chatouilla les clôtures des jardins.
Bientôt, les misères qu'avaient enduré les braves paysans furent reléguées au rang des mauvais souvenirs ainsi que cette histoire éprouvante et épouvantable du maître des vents.
Il s'en alla alors souffler ailleurs, dans la vallée du Rhône grondant et grommelant, grognant, vers les plaines du midi...